1913-1924

Des débuts à Paris à la reconnaissance

1913-1917 : Les débuts à Paris
1913
René Crevel s’installe à Paris.
Travaille d’abord chez Dumas, l’une des Maisons de décoration et d’ameublement les plus prestigieuses de l’époque. Dessine motifs de papiers peints et de tissus, puis des modèles de meubles.

1914-1917
Il quitte son emploi. Travaille en indépendant pour Les Galeries Lafayette, Le Printemps, Pygmalion ou Les Trois-Quartiers : dessine des modèles exclusifs de meubles, de papiers peints et d’étoffes.
Dans son petit logement au 56 rue de l’Université, il crée ses propres modèles et conçoit d’innombrables projets dans tous les domaines de la décoration : papiers peints, tissus, mais aussi modèles de meubles, de lampes, de paravents, compositions d’intérieurs, projets d’affiches, de décors et de costumes de théâtre. Il peint aussi beaucoup, nourri des apports des avant-gardes, fauvisme, cubisme, futurisme et nabi.

Les premiers articles consacrés à René Crevel paraissent, en septembre 1917 dans la revue Normandie, en novembre dans La Revue normande.


1918-1924 : La reconnaissance
1918
Première exposition de peintures à Paris, galerie Sauvage, avec Henry-E. Burel, Jacques Camus, Morin-Jean (370 rue Saint-Honoré, 28 octobre-25 novembre).

Première collaboration avec Arsène Durec, l’un des metteurs en scène les plus innovants de sa génération : René Crevel crée les maquettes, décors et costumes, de trois pièces de théâtre : Le Peintre exigeant de Tristan Bernard, Il était une bergère d’André Rivoire et La Cruche ou J’en ai plein le dos de Margot de Georges Courteline et Pierre Wolff. Les deux dernières font partie des pièces sélectionnées par Arsène Durec pour une grande Tournée en Scandinavie.

1919
Participe activement à la réalisation de ses décors et costumes pour La Cruche et Il était une bergère. La Tournée Durec part de Paris le 19 avril avec une dizaine de pièces, dont les décorateurs sont René Crevel ainsi que Bénédictus, Daragnès, Dethomas, Derain, Othon Friesz, Vlaminck, Vuillard. Représentations dans toutes les villes importantes de Scandinavie, de la Norvège à la Finlande en passant par le Danemark et la Suède (19 avril-31 mai).
Tournée programmée ensuite en Suisse romande comme en Suisse alémanique, de la Chaux-de-Fonds et Genève à Zurich et Bâle (31 août-30 septembre).

Au printemps, René Crevel déménage au 15 rue de Grenelle, hôtel de Bérulle, dans le 7e arrondissement de Paris.
Puis il passe l’été à Fécamp. La ville et ses environs lui inspirent de nombreuses peintures, huiles et gouaches, qui constituent une étape importante dans son expression.

Première participation au Salon d’Automne (Paris, 1er novembre-10 décembre) : il expose un ensemble de 7 tapis à motif central emprunté à la faune ou à la flore.

Il dessine la façade d’une poissonnerie, Aux Marées de la nuit, rue de Vaugirard à Paris.

Ses modèles de soieries d’ameublement sont édités par la Maison Cornille Frères, l’une des principales manufactures lyonnaises. Ils sont exposés, avec les modèles de Maurice Dufrène, l’atelier Primavera, Fernand Nathan et Baron, à l’Exposition générale d’Art appliqué du Musée Galliera (Paris, hiver 1919-1920).

1920
Fin mars, au Théâtre des Champs-Élysées, il assiste au premier « concert de danse » donné à Paris par Jean Börlin, des Ballets suédois. Il peint le danseur dans deux de ses solos, en Arlequin et Devant la mort.

Participe à l’exposition L’Artisanat français organisée à Amsterdam par le grand Magasin Metz & Co, qui présente ses tissus, ainsi que ceux de Baron et de Andrada, avec les pièces de Decœur, Delaherche, Lenoble, Lachenal (céramique), de Lalique (verre), de Dunand (métal), et les bijoux de Bablet, Rivaud, Bastard (mai-juin).

Exposition de peintures, galerie Sauvage, avec Morin-Jean (22 mai-7 juin).

S’associe avec son ami peintre et décorateur Jacques Camus pour créer « Cactus, Société de papiers peints modernes ».

Au Salon d’Automne, il expose des papiers peints édités par Cactus ; et pour la première fois des peintures – aux côtés de Dunoyer de Segonzac, Lebasque, Camoin, Denis, Matisse, Van Dongen, Vlaminck, Vallotton… (15 octobre-12 décembre).

Crée les décors et les costumes de L’Atlantide, première adaptation théâtrale du roman de Pierre Benoit. La pièce, écrite par Henri Clerc, est mise en scène par Arsène Durec. Première le 18 décembre au Théâtre Marigny.

1921
Ses maquettes – décors et costumes – pour L’Atlantide sont exposées à la galerie d’art du Théâtre Marigny (janvier).

Première participation au Salon des Artistes décorateurs (Paris, 4 mars-17 avril) : expose des papiers peints édités par Cactus ; ainsi que des motifs de décor pour cretonnes ou toiles imprimées.

Mariage avec Ernestine Héloïse Bécasse à la mairie du 7e arrondissement de Paris, le 18 juin.

Décès de son père, Maurice Crevel, au domicile de sa sœur Claire à Écalles-Alix, le 12 août.

Au Salon d’Automne, il expose des papiers peints et des peintures. Il signe aussi, avec Francis Paul, les papiers peints et les tissus du « Coin repos », ensemble mobilier que René Herbst expose pour sa première participation au Salon (Paris, 1er novembre-20 décembre).

Crée pour « Le Décor mural », Maison de décoration rue d’Argenteuil, une ligne de mobilier moderne destiné à être produit en série.

1922
René Crevel crée la première collection de papiers peints modernes de la Maison CH.-H. Geffroy, manufacture de papiers peints et tissus haut de gamme.

Au Salon des Artistes décorateurs, il expose pour la première fois ses papiers peints édités par Charles-Henri Geffroy (24 février-2 avril). Ses papiers sont également présentés, avec ses tissus édités par Cornille Frères, à l’Exposition Le Décor de la vie sous le second Empire et en 1922 au Musée des Arts Décoratifs (Paris, 27 mai-10 juillet).

Création des décors et des costumes pour la nouvelle adaptation de L’Atlantide, d’abord présentée à Lyon, Alger et Oran, avant la première à Paris au Théâtre de l’Eden le 13 mai.

Après avoir séjourné à Fécamp, comme il le fera encore longtemps chaque été, il expose peintures et papiers peints édités par Geffroy au Salon d’Automne (1er novembre-17 décembre).

À l’Exposition générale d’Art appliqué au Musée Galliera (Paris, hiver 1922-1923) sont exposées ses toiles de soie imprimées en couleurs à la planche, éditées par Cornille.

1923
René Crevel conçoit le projet de sa « future maison » dans le plus pur style moderniste. Sa maquette est exposée :
Au Premier Salon d’Architecture Moderne organisé à l’initiative de Mallet-Stevens, qui a réuni au Grand Palais 25 architectes de son temps, dont Crevel, Djo-Bourgeois, Chareau, Molinié, Roux-Spitz, Sauvage, Siclis, Tony Garnier…

Et au Salon des Artistes décorateurs – où il présente par ailleurs des panneaux de papiers peints éditions CH.-H. Geffroy (4 mai-1er juillet).

Crée plusieurs modèles de papiers peints spécialement pour Nancy McClelland, l’une des premières femmes décoratrices aux États-Unis, pionnière de la décoration d’intérieur américaine, qui s’est installée à New York.

À l’été, il entreprend un voyage en Bretagne, son premier pèlerinage sur cette terre d’artistes, chère à Gauguin et aux Nabis. Du Bono et Quiberon jusqu’à Ploumanac’h, il rapporte de nombreuses études, dont il s’inspire dès son retour et les années suivantes pour ses peintures.

Fin octobre, il est primé au Concours de façade pour la Maison Mercier Frères aux Champs-Élysées, organisé par la Société d’Encouragement à l’Art et à l’Industrie (SEAI). Son projet obtient une mention, accompagnée de la plaquette de la Société.
Il est ensuite exposé (avec les 43 autres projets en lice au Hall Mercier, 100 rue du faubourg Saint-Antoine, 29 octobre-3 novembre)

Au Salon d’Automne il expose deux peintures sur le thème de la Bretagne, et un nouveau panneau de papiers peints édités par Geffroy (1er novembre-16 décembre).

1924
En mars, René Crevel est lauréat du Concours lancé par les Grands Magasins du Louvre pour leur Pavillon spécial à l’Exposition internationale des Arts décoratifs de 1925. Son projet est classé après celui d’Albert Laprade, qui construira le Pavillon, et de Guillemonat.

Coopté par ses pairs, il adhère au Groupement des Architectes Modernes (GAM), fondé par Albert Laprade et présidé par Frantz Jourdain en 1923.

Il est l’architecte-décorateur d’un nouveau théâtre : « le Théâtre de l’Avenue », rue du Colisée, à deux pas des Champs-Élysées. Il se charge entièrement de l’agencement intérieur, crée la décoration dans ses moindres détails, dessine la façade (inauguration le 16 mai).

Participation au Salon des Artistes français au Grand Palais (29 avril-mai).

Exposition de peintures 1er Groupe : Cochet, Crevel, Jacquemot, Léveillé, Lepreux, galerie Briant-Robert, rue d’Argenteuil (17-31 mai).

Au Salon d’Automne (1er novembre-14 décembre), il expose pour la première fois un ensemble mobilier : « un cabinet de travail en palissandre de Rio », édité par la Maison Krieger, faubourg Saint-Antoine. Il sera bientôt reproduit dans le portfolio de Maurice Dufrène Ensembles mobiliers. Mobiliers. Exposition internationale 1925.